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POUR MOINS RONFLER, CHANTEZ



Avis à tous les ronfleurs : une technique pour éviter de vrombir sur l’oreiller (et de réveiller la chambrée voire la maisonnée) serait de faire des exercices de chant. Ce sont les conclusions d’une étude publiée dans l’"International Journal of Ototlaryngology and Head & Neck Surgery". Des résultats qui ne surprennent pas Jean-Michel Klein, président du syndicat national des ORL (SNORL).



Suffirait-il de chanter pour arrêter de ronfler la nuit ? Préconiser des exercices de chant pendant trois mois pour diminuer, voire supprimer, les ronflements n’a rien d’incroyable. Le chant est en soi un bon exercice : il entraîne une relaxation respiratoire et musculaire. Et il permet, par la remusculation, d’éviter le collapsus, lorsque la langue tombe en arrière et bouche l’oro-pharynx. Nous, ORL, préconisons déjà ce type de petites techniques de musculation, si tant est que le ronflement n’est pas nasal. Encore faut-il savoir d’où l’on ronfle : si l’on est un ronfleur qui a le nez bouché, chanter et se muscler le larynx ne changera rien ! Perte de poids et réduction des ronflements Une autre manière de réduire les ronflements est de perdre du poids. La sédentarité et l’obésité sont à l’origine des ronflements et des apnées du sommeil. Les individus peu musclés n’ont a fortiori pas un larynx ni un pharynx musclés. En outre, la pression de la masse graisseuse du cou sur la zone laryngée provoque une diminution du calibre respiratoire, qui est responsable des ronflements.


Le problème de santé publique, c’est qu’à terme ces individus peuvent devenir apnéiques. L’apnée du sommeil est en effet un risque individuel avec des conséquences collectives. De nombreux accidents de circulation, notamment impliquant des camions, sont dus à des apnées, la somnolence étant l’un des signes cliniques de l’apnée du sommeil. Masque buccal et nasal pour dilater le pharynx La remusculation du larynx et la perte de kilos en trop ne résolvent pas tout : elles permettent de ralentir le passage à l’apnée et d’éloigner le moment de la prise en charge médicale. Face à un patient qui fait plus de 30 apnées du sommeil à l’heure, je suis obligé, en tant que médecin, de prescrire une ventilation en pression positive continue (PPC). Le principe est le même qu’avec les exercices de chant, sauf que le malade est dépendant d’une machine la nuit. L’appareil le fait respirer avec un masque buccal et/ou nasal qui envoie une pression dilatant le pharynx, le larynx et l’oro-pharynx.


Avancer la mâchoire et la langue pour dégager le larynx Autre possibilité : la stimulation du grand hypoglosse, nerf moteur des muscles de la langue. Ce dispositif est testé en France. Comme pour la PPC, il s’agit de stimuler les muscles du larynx, non pas pour guérir mais pour compenser. Reste encore à savoir si une accoutumance à la stimulation ne se met pas en place, si les muscles de la langue s’habituent, au fil du temps, à recevoir ces petits "coups de jus" et ne réagissent plus suffisamment. À chaque gravité son remède. Quand le patient fait entre 15 et 30 apnées à l’heure, on lui prescrit une orthèse d’avancement mandibulaire. C’est un appareillage qui, quand on ferme la bouche, avance la mâchoire inférieure d’un centimètre, et donc la langue, et permet ainsi de dégager mécaniquement le larynx et les voies respiratoires.


Cuillère, musculation et bénéfices pour le système de santé En dessous de 15 apnées par heure, il n’y a pas d’obligations médicales. C’est là que l’on prescrit les techniques de musculation et que l’on enjoint le malade à perdre du poids. Au Brésil, des études ont été menées autour de la remusculation du larynx à l’aide de cuillère à café. C’est un procédé efficace : les personnes tétraplégiques qui subissent une paralysie laryngée ont une prise en charge de kinésithérapie orthophoniste et pour améliorer la déglutition l’on utilise une cuillère et de la glace que l’on place dans le fond de la gorge. Sachant que les appareils de PPC, remboursés par la Sécurité sociale, coûtent 150 euros par mois, ces techniques, du chant à la cuillère, ont un avantage financier. Elles entrent aussi dans l’éducation thérapeutique du patient (ETP). On fait ainsi entrer l’individu dans le cercle de sa thérapie. Cette approche où l’on se prend soi-même en charge et où l’on respecte sa biologie personnelle est bénéfique pour les patients et le système de santé.


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